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LE BAROMÈTRE DE MARTIN-MARTIN


L’Enterrement de la petite Moulineau


À Monsieur Martin-Martin, député du Plateau-Central,
au Palais-Bourbon. Paris,
Monsieur le député,

Sera-t-il permis à un humble desservant d’oser prétendre détourner à son profit l’attention d’un législateur, et vous enlever un instant à vos graves et multiples travaux ? Mais je m’enhardis en songeant qu’au milieu des études et des occupations les plus sérieuses que vous avez assumées pour le bien et la grandeur de notre cher pays, vous condescendez à garder une oreille bienveillante et attentive aux affaires de ce Plateau-Central que vous représentez avec une si parfaite dignité et un éclat auquel, je puis bien le dire, vos prédécesseurs étaient si éloignés d’atteindre.

Peut-être n’ignorez-vous point que la cure de Monistrol, qui compte parmi les plus importantes de votre arrondissement, est vacante par suite du décès du vénérable et regretté archiprêtre, monsieur le curé Grubillot. Lors d’un voyage récent que je fis à la Marche et où j’eus l’honneur de m’entretenir avec M. le Chef du Cabinet de M. le Préfet, ce haut fonctionnaire avait bien voulu me laisser entendre que l’Administration verrait d’un œil favorable ma venue dans cette paroisse, que M. le Préfet avait l’intention de s’en entretenir avec Monseigneur, et qu’en un mot j’étais, si je puis m’exprimer sur moi-même en ces termes, j’étais persona grata à la Préfecture.

Malheureusement, je ne pouvais guère me faire d’illusions sur le sort que ma pauvre candidature rencontrerait à l’Évêché, non pas, certes, que j’aie la coupable témérité d’incriminer Monseigneur, mais je sais trop qu’à ses côtés, dans la personne de M. le vicaire général Foing, tous les prêtres indépendants et d’idées libérales ont un adversaire intraitable et souvent écouté.

Je ne suis pas un ambitieux, Monsieur le député, et si j’avais pu souhaiter, un moment, remplacer M. l’archiprêtre Grubillot, c’était, j’ose le dire, dans l’unique espoir d’apporter dans cette paroisse de Monistrol, encore en proie aux passions de certains dévots exaltés, cet esprit d’apaisement et de tolérance qui doit être, selon moi, celui du prêtre dans son église : ainsi ai-je agi dans ma modeste cure du Trou-Madame, où je me réjouis d’avoir peut-être contribué à faire reporter sur votre nom, lors des élections dernières, les trente-cinq voix qui d’habitude allaient à M. le baron Lambusquet.

Or il me revient qu’à la suite d’intrigues, auxquelles M. le vicaire général Foing ne semble pas être demeuré étranger, Monseigneur aurait nommé, et présenterait à l’agrément de l’Administration, M. l’abbé Barigoule, actuellement desservant à Fraizes. Il répugne à