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la disciplote
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qu’en station : quelle que soit l’étape fournie, l’homme est mis alors sous le tombeau et doit toucher les rations énoncées plus haut.


CELLULE DE CORRECTION ET CACHOT

Pour les compagnies de discipline, un texte n’est qu’une simple indication, un minimum.

C’est ainsi que la cellule de correction, qui est réglementairement la mise au pain et à l’eau un jour sur deux, est généralement appliquée comme ceci :

Trois jours au pain et à l’eau ; le quatrième jour, une gamelle sans viande.

Souvent on ne peut distinguer entre la cellule de correction et la peine du cachot soi-disant supprimée[1].

L’instruction de 1851 se basant sur le § III, art. ii de la loi du 29 octobre 1790, disait de cette punition : « Le cachot au pain et à l’eau peut être infligé pendant quatre jours. »

Le cachot fut supprimé par le décret du 5 juillet 1890. Suppression purement nominale. Les faits suivants le prouveront :

À la quatrième compagnie de discipline (Aumale), sous les ordres du capitaine Nifenecker, le fils d’un commissaire de police de Montpellier, nommé Bouscarin, fut jeté en cellule, où il resta neuf mois avec deux litres d’eau et 0 k. 750 gr. de pain par jour, une soupe tous les quatre jours. Il avait osé informer son père des faits dont il était le témoin. Dans cette compagnie, on appelait cela le petit régime[2].

Le capitaine Baronnier[3] institua à la deuxième compagnie un régime analogue.

Sous ce capitaine, tout homme qui n’avait plus la force de travailler ou qui était accusé d’une faute grave contre la discipline, était mis au hareng saur : le disciplinaire était jeté en cellule et restait quatre jours sans boire ni manger. Ce régime existait encore en 1898.


SILO

L’introduction du silo comme moyen coercitif, date de la conquête de l’Algérie.

Les silos (en arabe, mesmourh’a) sont des trous dans lesquels les indigènes enfouissent leurs grains. Dans les mouvements rapides qu’elles faisaient, les colonnes expéditionnaires ne séjournaient jamais assez longtemps dans le même endroit, pour avoir le temps de construire des locaux disciplinaires. Les chefs utilisèrent donc ces trous, qui facilitaient la surveillance et rendaient plus cruelles les punitions de prison ou de salle de police. Lorsqu’il y eut possibilité de construire des locaux, le silo resta en usage.

  1. Instruction de 1851. Application de la loi du 29 octobre 1790.
  2. Intransigeant.
  3. Baronnier est maintenant chef de bataillon en France.