Page:La Revue blanche, t23, 1900.djvu/135

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— Achetez-vous enfin, ou es-tu pêcheur ? grogna l’homme aux mugils.

— Je pêche, oui, mais autrement que toi, sans dépendre de chiens marins, et où il y a plus de poisson. J’extrais, à Rome, dit le médecin, assurant son chapeau Thessalique, les mugils du supplice légal des fondements des adultères.

VI
par l’entremise des courtisanes

Προανῃρήϰει δὲ τὴν γυναῖĸα Μεσσαλίναν διὰ ξηλοτυπίαν.

ΦΛ. ΙΟΣΗΦΟΥ, ουδ. ρχ. βιβλ. Κ, κεφ. Ζ.

Or Claude, instruit de tout à Ostie par les soins de Narcisse et la bouche de ses concubines favorites Calpurnie et Cléopâtre, demandait avec égarement qui de lui ou de Silius était César ou simple particulier.

Cette perplexité démente laissait peu de place à un sentiment presque inconnu, semble-t-il, des Romains de ce temps-là et surtout de Claude, la jalousie, la haine du cocuage, quoique Flavios Joseph écrive qu’il fit exécuter Messaline par jalousie.

— Tu veux rire, ma petite Cléopâtre, bégayait-il. Ne te moque pas de moi, je suis un pauvre homme dans une taverne. Tu veux me faire accroire que je ne suis plus César ! Mais on ne prend pas comme cela à César son palais et ses trésors et son autorité et Vénus ! J’ai toute ma raison, Calpurnie, je suis bien sage, tu essayes encore de me mettre tes petits souliers pleins de boue aux mains (il y a des gens chez moi qui ne me regardent pas comme leur maître !), mais tu perds ton temps, je ne dors pas. Je n’ai pas les yeux éblouis ! Je n’ai jamais été César ! C’est une supposition trop absurde !

Il eut un sursaut.

— Les torches ! le sang ! Ami soldat, voici des pièces, beaucoup de pièces d’or. Tu as de bonnes épaules, soldat, pousse la roue, pousse ! Io triumphe ! Fors-Fortuna !

— César, commença Narcisse, qui était venu.