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le bagne militaire d’oléron
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nous avons pénétré dans la citadelle, nous sommes entré à plusieurs reprises dans les cellules de correction.

Afin de convaincre les autorités d’Oléron de la réalité de notre visite, nous déterminerons exactement la topographie de la géhenne dont nous allons parler.

plan à vue des cellules de correction.

Les cellules de correction ne sont pas situées dans l’enclave réservée aux Cocos : elles sont installées dans le bastion opposé, celui qui est le plus proche de l’entrée du port, en face du lavoir des troupes régulières, non loin du magasin à vivres des compagnies d’infanterie de marine (magasins où nous assistâmes à la distribution des vivres).

Le bâtiment des cellules est arrondi et constitue une sorte de tour attenante aux batteries supérieures où conduit un étroit escalier de pierre. À côté de cet escalier, sur les murs mêmes du bâtiment, un écriteau de bois porte en lettres blanches sur un fond jadis noir : « Limite des troupes de la marine ». Presque au ras du sol, un soupirail grillagé perce la muraille. Sur la surface courbe, l’huis formidable, barré de puissants verrous, plaque sa surface rougeâtre.

Cette porte ouverte, on entre dans la geôle.

Treize marches descendues, on est au niveau du sol des cellules. L’ombre, dissipée seulement par la lueur vague d’un falot. Dès l’entrée dans l’escalier, une odeur acre, une puanteur terrible vous assaille.

Le couloir, qui commence une fois la dernière marche quittée, a 6 mètres de long et trois portes : celle des deux petites cellules et celle de la grande cellule.

Les petites cellules ont une hauteur de 2 m. 10, une largeur de 1 m. 50 et une longueur de 2 m. 25. ce qui donne un cube d’air de 7 m. 087 : ce cube d’air n’est renouvelé que par l’ouverture de la porte de la cellule, car celle-ci ne possède aucun soupirail. Une fois la porte refermée, l’homme est dans un tombeau. Or la porte donne sur le couloir commun des cellules, et l’air de ce couloir n’est renouvelé que par l’ouverture de la porte extérieure et un trou de 20 cent. sur 20 cent., dont le grillage s’aperçoit, à l’extérieur, entre l’escalier des batteries et la