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le bagne militaire d’oléron
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Il arrive que les poucettes soient maintenues une journée entière ; parfois le patient en est quitte au bout d’une demi-heure.

Le fait qu’un homme soit présent au peloton de punition ne le dispense pas nécessairement des poucettes. Dans ce cas il manœuvre avec les autres, fût-ce au pas gymnastique, les pouces ferrés derrière le dos.


disciplinaire aux poucettes buvant au bidon
(D’après une photographie au magnésium.)
Voici deux photographies prises par nous dans les cellules de correction d’Oléron et qui indiquent dans quelles positions les hommes aux poucettes sont obligés de boire ou de manger. La première montre un homme rampant vers sa gamelle dont il va saisir le bord entre ses dents. Dans la seconde, le même homme a réussi à saisir entre ses dents le petit goulot de son bidon et, s’étant mis à genoux, il boit.

Voici un jeu assez en usage chez les graciés : au moment où le détenu va saisir entre les dents sa gamelle, il arrive que le gradé la pousse du bout du pied ; le détenu rampe à la poursuite de son repas, et le jeu dure autant qu’il plaît à l’autre d’affirmer sa puissance.

Quant aux besoins naturels, comme l’homme aux poucettes ne peut pas se déboutonner, il attend qu’un gradé vienne et veuille bien lui ôter les poucettes ; sinon, il évacue dans ses vêtements. Une pratique à signaler encore : lorsqu’un gradé, mettant les poucettes à un disciplinaire, arrive à un point du pas de vis où il ne peut