Page:La Revue blanche, t25, 1901.djvu/430

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due au progrès du machinisme, et les progrès connus s’imposent à l’adoption des fabricants [1].

Vers la même époque, commençait en Allemagne l’ère des cartells et des syndicats. Le syndicat des cokes Westphaliens, fondé en 1885 (et définitivement constitué en 1890) comprenait déjà 30 % de producteurs étrangers. Les membres du syndicat s’imposèrent une réduction de production qui atteignit 30 %. On devine quel formidable lock-out de mineurs dut être la conséquence de cette réduction.

Revenons aux États-Unis. La Cour d’Appel de New-York, en 1890, a déclaré illégale cette combination (trust), qui, on le devine, excitait des colères et des rancunes. C’est alors que les trusts se mirent sous la protection de la loi et se transformèrent en sociétés !

Ainsi le’’Whiskey Trust fut une association qui absorbait 80 distilleries et qui produisait 75 % de l’alcool américain (Distilling and Cattle Feeding C°). À son début elle ferma 68 établissements et concentra sa production dans les 12 autres. Les mises à pied allaient par milliers.

Il est à remarquer que les trusts et les syndicats suivent une marche ascendante, parallèle à la concentration des capitaux. C’est dire que les grèves patronales s’intensifient.

D’après une déposition de M, Griffeth, fabricant de fer-blanc, on va voir ce qu’a été le trust du fer-blanc aux États-Unis. Les grands fabricants de fer-blanc ont commencé par obtenir du Congrès, grâce à l’intervention des Lobbistes, un droit prohibitif du fer-blanc étranger. Cela fait, ils ont constitué un trust évalué à 12 millions de dollars, ils ont porté ce capital à 50 millions de dollars, soit 38 millions de plus-value. Ils ont empoché 10 millions de dollars (50 millions de francs). Leur profit avant le trust était de 20 %, il s’est élevé à 100 %.

Cette opération a ruiné d’innombrables fabricants de fer-blanc ; en outre le trust a fermé une centaine d’usines pour réduire la production et élever les prix par la diminution de l’offre.

Or si l’on veut juger de quelques désastres, que l’on sache qu’il y a eu 23 trusts de ce genre aux États-Unis en août 1899 ; leur capital s’élevait à 252 millions de dollars. En septembre, il y a eu des trusts pour 193 millions et en octobre pour 320 millions.

Les grèves patronales, volontaires ou involontaires, ne cessent de grandir. Il suffit pour s’en convaincre, d’observer la marche des trusts. D’après l’Annuaire commercial des États-Unis (The commercial Year Book) il y a eu 200 entreprises entrustées en 1898 et 353 en 1899.

Ces 353 associations avaient émis un total de 5 112 500 000 dollars de capital-actions et 714 389 000 dollars-obligations ; ces chiffres montrent une augmentation sur l’année 1898 de 76 % dans le nombre des associations et 60 % dans le capital. Ce mouvement se dessine vers 1890 ; à depuis les trusts ont englobé 90 % des industries de 1890.

  1. Les Industries monopolisées aux États-Unis, P. de Rousiers