Page:La Revue blanche, t25, 1901.djvu/498

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion



le chèque de cinq mille onces. Il eut tort, car les Transocéaniens ne sont pas venus en Chan-si ; mais est-ce qu’il pouvait savoir ? Cependant M. Ta-li-gong alla toucher l’argent de M. Tsien chez Bao-Cheng. Mais au lieu de payer les traites des créanciers, il le chargea avec le contenu de ses maisons sur des chariots et partit.

Votre fils dit qu’on n’a plus eu de leurs nouvelles. Cette affaire avait ruiné M. Tsien avant que votre fils n’arrivât. Mais ce qui a empêché la maison de se relever, c’est que le public indigné et surtout les créanciers des marchands-missionnaires[1] non payés, tournaient leur dépit contre la maison Tsien. Il n’y eut plus ni crédit ni affaire. L’argent de votre fils qui avec son habileté espérait relever l’affaire y passa comme l’autre.

Comme il n’y a plus de possibilité de faire des affaires sans autre appui, votre fils m’a écrit pour que je fasse dans l’établissement Bao-Cheng ici des efforts pour faire ouvrir à la maison Tsien un crédit dans notre ville. Comme Bao-Cheng ont ici une place prépondérante, leur appui relancerait l’affaire à Khouang-yuan aussi. Votre appui, mon vénérable Beau-père, serait cependant décisif. Je crois que votre excellent fils ne trouvera pas le courage de vous exposer sa mauvaise situation. Je me fais donc son porte-parole auprès de vous. Et moi-même étant dans une situation très précaire maintenant, j’ose vous proposer pour votre honorable fils, de faire ouvrir ici chez Bao-Cheng un

    il y a un tribunal composé de trois juges. La hiérarchie des tribunaux est cependant la véritable force du système. Dans tous les cas, sans exception, on peut faire appel d’une instance à celle immédiatement supérieure, mais les appelants qui encombrent les tribunaux d’affaires injustes et manifestement perdues, sont punis. Quant aux affaires criminelles, et surtout quand il s’agit de méfaits pouvant entraîner la peine de mort, la justice chinoise montre une prudence extrême. L’institution dangereuse des jurés n’existe naturellement pas ; mais toute affaire criminelle doit passer par cinq et même six instances. La plus haute instance est le « San-fat-szé », Cour des trois Tribunaux, se composant des membres du ministère de la justice, du « Dou-tcha-yuan », Cour des Censeurs, et du « Da-li-szé », Cour de Cassation. Ce haut tribunal instruit l’affaire de nouveau en présence de l’accusé et de la partie civile. Néanmoins, les condamnations à mort, avant d’être soumises à l’Empereur, sont encore une fois renvoyées d’office à une haute commission de neuf membres, composée d’un membre de chaque ministère et des trois chambres du San-fat-szé. Elles sont exécutées après signature de l’Empereur, sur son ordre, à une certaine date par an, à la fois dans tout l’empire. Tous les débats judiciaires sont sténographiés.

    Le code pénal Tai-tsing Liu-li, recueil admirable de lois, rites, décrets de police, etc., en 436 articles, est en Chine dans chaque maison. Combien de Français connaissent notre code pénal autrement que par oui-dire ?

  1. Jeu de mots cruel. L’auteur a intercalé dans le mot Tchouan-hsi-tziao-chi, « savant propagateur de la religion d’Occident, » le mot Maï-maï, « vendre et acheter, » pour former Tchouan-hsi-maï-maï, « savant qui propage la religion du « vendre et acheter » d’Occident ».