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LA REVUE DU MOIS

les prescriptions réglementaires restent sans application suivie et que les progrès s’accomplissent avec une déplorable lenteur ;

Si nous ne consentons à modifier notre organisation, nous devons nous résigner à ne posséder, de longtemps, aucun haut commandement capable « de faire preuve des grandes qualités que réclame la conduite de la guerre moderne. »

La première réforme à réaliser consiste dans la suppression du plus grand nombre de nos officiers d’état-major et dans leur remplacement, pour les travaux de chancellerie, par des archivistes ou des officiers que leurs préférences, comme leurs aptitudes intellectuelles et physiques, attirent vers les situations sédentaires.

De cette manière, les officiers d’état-major actuels seront rendus à leur véritable tâche la préparation directe à la guerre. Plus ne sera besoin de les initier aux secrets de la correspondance pacifique journalière.

Mais si l’on se bornait à cette modification, l’œuvre serait encore imparfaite car elle ne produirait que des efforts divergents dont la résultante, la mécanique nous l’enseigne, pourrait n’être que nulle ou très faible.

Il nous faut aussi une doctrine de guerre commune : produit de la pensée humaine, la doctrine demeurera, sans doute inachevée et perfectible, mais l’essentiel est qu’elle soit une à un moment donné.

Cela exige la création d’un organisme spécial, sorte de conservatoire de la doctrine, où après leurs stages dans les troupes et dans les états-majors, les officiers désignés par leurs qualités de caractère et d’intelligence, pour les hauts emplois militaires viendront sans cesse se retremper.

« Lorsqu’il prit, en 1857, à l’âge du siècle, la direction du grand État-major, Moltke, qui n’était encore que général de brigade, eût, sous ses ordres immédiats, à Berlin, 30 officiers supérieurs et 14 capitaines formant environ la moitié du cadre des officiers d’état-major de l’armée prussienne.

« Il lui fut donc possible d’inculquer aux officiers du service d’état-major qu’un roulement amenait périodiquement à Berlin,