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LA REVUE DU MOIS

grandes zones concentriques. Puis, si l’on en croit Lalande, Short aurait aperçu plusieurs autres traits concentriques sur la partie extérieure de l’anneau ; dans quatre occasions différentes, Herschel vit de petits traits noirs sur l’une des anses, et non sur l’autre : cette dissymétrie, et la place variable du trait, indiquait-elle une subdivision de l’anneau extérieur en deux parties excentriques ? Quetelet, en 1823, dédouble l’anneau extérieur ; le 17 décembre 1825, le capitaine Kater le voit subdivisé par de nombreux traits noirs très rapprochés et note la même apparence, mais très variable d’un jour à l’autre, en janvier 1826 ; le 25 avril et le 28 mai 1836, Encke voit une ligne noire qui divise l’anneau extérieur et les mesures micrométriques lui montrent que cette nouvelle subdivision est plus près de l’ancienne que du bord extérieur.

Le 29 mai 1838, de Vico observe la division d’Encke et, en outre, deux bandes noires sur l’anneau intérieur ; Schwabe retrouve nettement la division d’Encke ; ces quatre bandes sont rarement visibles ensemble, elles sont le plus souvent dissymétriques, sur l’une ou l’autre anse ; mais quelles sont les lois de leurs apparitions et disparitions ? En 1843, Lassell et Dawes confirment encore la division d’Encke mais la situent, cette fois, plus près du bord extérieur et lui attribuent le tiers de la largeur de la bande de Cassini.

Nous avons d’autres observations singulières de Lassell, en 1850, de O. Struve, Hind, de W. C. Bond et, surtout, de G. P. Bond qui constate que la division d’Encke n’est pas toujours visible mais que, malgré les difficultés dues à l’irradiation, on peut apercevoir parfois d’autres bandes, multiples et très fines. Enfin, les très importantes déterminations de Trouvelot nous indiquent encore une particularité : très souvent, à sa plus grande courbure apparente, le bord concave de l’anneau intérieur paraît déchiqueté comme des flocons de fumée.

Que sont donc ces nouvelles lignes sombres, si déconcertantes par leurs variations ? S’agit-il de divisions — permanentes ou variables ? Ou bien n’y a-t-il là qu’une simple illusion car, lorsqu’il s’agit d’objets d’une extrême délicatesse, la physiologie et la psychologie entrent en jeu et l’observateur ne perçoit généralement que ce qu’il cherche, par un étrange phénomène d’auto-suggestion : à ce propos, et sans être définitives, des