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LA MENTALITÉ MALGACHE

ET LA MENTALITÉ ANNAMITE



Au moment où l’Exposition coloniale de Marseille attire particulièrement l’attention sur nos colonies et où l’avenir agricole, commercial et industriel de nos possessions d’outre-mer pourra être envisagé d’après des documents palpables, il peut être intéressant de se demander quels progrès ou quelles transformations nous sommes en droit d’espérer, au point de vue moral, des races que nous avons adoptées.

Ces modifications dépendent presque entièrement de l’attitude que nous saurons prendre ou conserver vis-à-vis des populations soumises, de l’esprit de justice absolue, de la fermeté patiente et douce et surtout des égards que nous leur témoignerons.

On ne saurait croire, en effet, combien de simples froissements d’amour-propre suffisent parfois à nous aliéner des régions entières où les habitants ont conscience de leur valeur et de leur dignité.

On a trop coutume de poser des principes généraux de colonisation, propres, croit-on, à appliquer dans toutes les colonies. Or, ce qui est bon en Afrique est souvent mauvais en Orient.

Notre manière d’être doit différer suivant les races auxquelles nous nous adressons, de même, et, à plus juste titre encore que le même traitement ne saurait convenir à tous les individus.

Car, si personne aujourd’hui, n’oserait nier le principe de l’égalité des hommes de même couleur, ni la possibilité pour tout individu d’une mème race, quelle que soit, d’ailleurs, son origine, d’arriver par son travail, son intelligence et sa volonté,