Page:La Revue hebdomadaire, année 19, tome 3, n° 10, 1910.djvu/162

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Prends tout ce qui fait qu’on nous aime.
Ton destin, c’est mon destin même ;
Vivre en toi, c’est vivre toujours.

Succède à ta mère ravie.
Pour les ajouter à ta vie,
Ô mon sang, prends mes derniers jours !


Plus que jamais maintenant — peut-être par rancune contre cette société qui a méconnu son génie — elle se lance dans la politique, prêche la révolution, sociale, universelle. Dans le dernier de ses ouvrages qui ait fait quelque bruit, l’Italie des Italiens, elle a relaté ses rapports avec les chefs du mouvement révolutionnaire de ce temps et publié ses entretiens avec Garibaldi et avec Mazzini, qu’elle y peint comme des demi-dieux. Il est vrai que, trois pages plus loin, elle se vante également d’avoir fait la conquête du jeune duc de Bordeaux, qui a brigué l’honneur de lui serrer la main, du cardinal Antonelli, qui a causé politique avec elle, assis sur le même canapé et si près, assure-t-elle, que la robe couvrait la soutane. Dix ans plus tard, quand M. de Lesseps organise de grandes fêtes à Suez, pour inaugurer le canal, elle suit le célèbre voyage entrepris par l’Impératrice en compagnie des plus hauts personnages. Mais le récit qu’elle fait de cette expédition est empreint d’amertume. Journalistes et hommes d’État, gens de Cour ou d’opposition, tous, se plaint-elle, la traitent avec froideur, semblent à peine remarquer sa présence, et elle dénonce avec aigreur l’égoïsme, l’indifférence, l’impolitesse de la génération nouvelle. Si, d’un regard sincère, elle eût consulté son miroir, sans doute lui eût-il expliqué ce fléchissement de la vieille galanterie française. Mais il ne semble pas qu’elle ait eu cette idée.

Les dernières années de sa vie furent plus lamentables encore. Les événements de la guerre et du siège ne pouvaient qu’ajouter à son exaltation. On la vit