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LES ESCLAVES DOMESTIQUES DU MAGHREB

Et l’esclavage durait toujours.

Lisez les frères Tharaud. Les grands seigneurs de l’Atlas, qui ont hôtel à Marrakech, ont pour seul luxe des esclaves du plus beau noir, aux vêtements d’une blancheur impeccable et aux cordelières de soie, qui portent à l’oreille un bracelet d’argent et à la ceinture un poignard d’argent ciselé. À Fez, tombent en ruines les quartiers où tenaient garnison, avec leurs tribus de femmes et d’enfants, les esclaves noirs de la garde des sultans, tels qu’on peut les voir dans la Relation de Pidou de Saint-Olon, ambassadeur de France sous Louis XIV, à une époque où le sultan demandait la main de la princesse de Conti. Mais si la garde noire n’est plus, les esclaves de couleur sont à profusion dans Fez ; le rouge bonnet pointu que portent certains d’entre eux, leur confère une sorte de caractère officiel ; ils appartiennent à un haut fonctionnaire du Maghzen. D’autres sont la propriété de simples Fassi, à qui ils servent de palefreniers ou de serveurs chargés de porter, au pavillon de campagne, braseros et collation. Mais n’attachez point au mot d’esclavage le caractère odieux que mérita trop souvent la traite des nègres. Comme autrefois dans plus d’une plantation de Saint-Domingue, l’esclave n’est pas au Maroc traité en paria. « Tu pardonneras, dit le Coran, soixante-dix fois par jour à ton esclave, si tu veux mériter la clémence