Page:La Roncière - Nègres et négriers, 1933.djvu/30

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déclarait Villault ; tout contribue à y faire couler doucement la vie : la beauté et la bonté du pays, le naturel doux et traitable des habitants, le gain considérable et les lieux propres à bâtir. » Singulière illusion ! Ces nègres si bénins étaient des anthropophages habitués à pendre des quartiers humains aux portes de leurs cases et à boire dans des crânes où la chair adhérait encore : et si peu traitables d’autre part, qu’ils n’entreront en relations, quelques années plus tard, avec le capitaine Jean Doublet qu’après lui avoir adressé « un petit bateau de roseau » comme message de paix.

Notre contrôleur, entrant alors dans une zone où notre langue était plus familière que le portugais, va prétendre que nos Dieppois y auraient été dès l’an 1364 : et son affirmation, que rien ne confirme, a déclenché une polémique entre Français et Portugais sur la priorité de leurs peuples respectifs dans la découverte du golfe de Guinée. C’est au seizième siècle sans doute, au temps du grand armateur Ango, que nous fondâmes dans un îlot, à l’embouchure d’une rivière, le Petit-Dieppe, dont Villault vit les vestiges. Et plus loin : « Malaguette tout plein, tout plein », lui criaient des nègres de Paris, c’était le nom d’un village du rio Sestos.

Malaguette — une sorte de poivre — était le nom de cette côte, dite aussi côte des Graines. « Païs impraticable aux blancs qui n’y sçauroient vivre longtems à cause de la malignité des exhalaisons de cette terre, presque toute l’année imbibée d’eau, elle était peuplée des plus fainéans nègres de toute la Guinée. » Ne passaient-