Page:La Roncière - Nègres et négriers, 1933.djvu/83

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équivalait à cinq toques ou deux cents cauris ou dix sols ; l’ancre, à une douzaine de pots de vingt-cinq bouteilles.

Le comptoir est abondamment garni en marchandises de troc, en eau-de-vie surtout, qui fait fureur parmi les nègres. Au Dahomey, ont cours les chapeaux à la mousquetaire, les pièces de toile de Guingamp, les mouchoirs de Cholet, les soieries de Damas, les étoffes Siamoises, les manteaux de drap rouge ou bleu, les fusils boucaniers et les pierres à fusil, les briquets, les couteaux flamands. À Cabinda, ce sont les toiles peintes, le corail, les dentelles. À Loanda, les Hollandais envoyent des étoffes de Harlem, des toiles de Silésie, des tapis de Turquie, des serges noires… Et qu’on ne s’avise pas de remettre aux nègres des étoffes d’une mauvaise teinture, car ils ont tôt fait de l’éprouver avec du jus de citron.

Avant que retentisse le gongon qui annonce la vente, il faut offrir au roi indigène, comme pourboire, une cave d’eau-de-vie, ainsi qu’à ses ministres, au capitaine de ses gardes et au capitaine de l’eau ; il est un autre cadeau dont se pare le roi de Cabinda, « une robe de chambre de satin doublée d’un taffetas à flammes ».

MARCHÉ D’ESCLAVES

C’est aux dents qu’un maquignon reconnaît l’âge d’un cheval. Or, voyez le marché d’esclaves — figuré dans le Commerce d’Amérique par Marseille. Le maquignon, pour savoir si un malheureux