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la saga de nial

Un jour il arriva que Ketil de Mörk était à Bergthorshval. Les fils de Njal vinrent à parler des maux qu’ils avaient soufferts, et dirent qu’ils auraient fort à se plaindre de Thrain, s’ils voulaient. Njal fut d’avis que Ketil devait parler de la chose avec son frère Thrain. Il le promit. Et il fut convenu qu’il le ferait à son loisir.

Peu de temps après, Ketil parla à Thrain. Les fils de Njal vinrent l’interroger. Mais il dit qu’il ne pouvait pas répéter grand’chose de ce qui s’était passé entre eux : « Car j’ai bien vu, dit-il, que Thrain trouvait que je mets trop d’importance à ma parenté avec vous. » On n’en dit pas plus long ; mais il sembla aux fils de Njal que l’affaire prenait une mauvaise tournure. Ils demandèrent conseil à leur père, disant qu’ils n’avaient pas envie d’en rester là. Njal répondit : « Ceci n’est pas un cas sans précédent. Si vous les tuez, cela passera pour un meurtre sans cause. Voici donc mon conseil : envoyez-leur pour leur parler, le plus de gens que vous pourrez, de façon qu’il y ait le plus de témoins possible, s’ils répondent mal. Que Kari porte la parole ; car c’est un homme qui saura s’y prendre. Votre désaccord ne fera que croître, car ils entasseront injures sur injures, quand ils verront que d’autres s’en mêlent : ce sont des gens sans raison. Il se peut qu’on dise que mes fils sont lents à l’action ; mais laissez dire pour un temps, car toute chose faite peut être envisagée de deux manières. Pourtant il faut en dire assez pour qu’on sache que vous irez de l’avant, si on vous traite mal. Si vous m’aviez demandé conseil tout d’abord, on n’aurait jamais parlé de ceci et vous n’en auriez eu nulle honte. Mais à présent vous voici dans un grand embarras, et vos affronts ne feront qu’augmenter, si bien que vous n’aurez plus qu’à entrer en querelle et à recourir aux armes ; et il est difficile de dire ce qui en sortira. » Ils n’en dirent pas davantage. Et bien des gens commençaient à parler de tout ceci.