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la saga de nial

« Thor a arraché de leurs ancres les vaisseaux de Thangbrand. Il les a mis en pièces, et il les a brisés contre le rivage. Jamais plus les patins du Viking ne sillonneront les flots, car la tempête a été rude, et les a réduits en poussière. »

Après cela Thangbrand et Steinunn se séparèrent, et Thangbrand et les siens continuèrent leur route vers l’ouest, jusqu’au Bardastrand.

CIII

Gest fils d’Odleif habitait à Haga, au Bardastrand. C’était le plus sage des hommes, et il voyait les destins dans l’avenir. Il donna un festin à Thangbrand et aux siens, qui vinrent à Haga, au nombre de soixante. On leur dit que deux cents hommes païens y étaient déjà rassemblés et qu’on s’attendait à voir arriver un sorcier nommé Utryg ; ils avaient tous grand’peur de lui. On disait qu’il ne craignait ni le fer ni la flamme ; et tous ces païens étaient fort effrayés. Thangbrand leur demanda s’ils voulaient recevoir la foi, mais ils refusèrent tous. « Je vous ferai donc, dit Thangbrand, une proposition, afin de voir quelle foi est la meilleure. Nous allons faire trois feux. Vous autres païens, vous en bénirez un, et moi un autre, et le troisième restera sans bénédiction. Si le sorcier a peur du feu que j’aurai béni, mais passe à travers les deux autres, vous recevrez la foi. » « C’est bien dit, répondit Gest, et je consens à cela pour moi et ceux de ma maison. » Et après que Gest eut ainsi parlé, beaucoup d’autres dirent qu’ils feraient comme lui.

Et voici qu’on vint dire que le sorcier s’approchait du domaine. Les feux étaient allumés et brûlaient. Les hommes prirent leurs armes, sautèrent sur les bancs, et attendirent. Le sorcier arrive, tout armé ; le voilà qui passe la porte. Il entre dans la chambre et passe tout droit au travers du feu que les païens avaient béni, et aussi de celui qui était resté sans