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la saga de nial

vais montrer que je ne suis pas des plus braves, car je viens prier Asgrim, et les autres qui menaient avec lui cette affaire, de nous accorder la paix, à termes égaux. » Et il ajouta encore beaucoup de belles paroles.

Kari fils de Sölmund répondit : « Quand tous les autres entreraient en arrangement pour leurs affaires, je ne le ferai pas pour la mienne. Vous voulez que la mort des vôtres soit mise en compensation de l’incendie ; mais nous, nous ne pouvons souffrir cela. » Et Thorgeir Skorargeir parla comme lui.

Alors Skapti fils de Thorod se leva et dit : « Tu aurais mieux fait, Kari, de ne pas t’enfuir d’auprès de tes beaux-frères. Tu n’aurais pas maintenant à refuser la paix que t’offrent de vaillants hommes. »

Kari répondit par un chant :

« Que me reproches-tu d’avoir pris la fuite ? Souvent pour une moindre cause, les traits pleuvent comme grêle sur les boucliers. Il y en a un qui, lorsque les épées chantaient à voix haute, a été se cacher sous terre, le lâche à la barbe rouge.

« Lorsque les guerriers enfants des dieux quittaient le combat à grand peine, (les héros ce jour-là combattaient sans bouclier) il arriva malheur à Skapti. Parmi le fracas de la bataille, des gens qui faisaient cuire leur viande le tirèrent tout de son long dans leur hutte, grande était sa peur alors.

« Ils ont ri de Grim, et d’Helgi, et de Njal, qu’ils ont fait brûler. Ils auront à chercher où se cacher quand, la ting venu à sa fin, les plaines retentiront d’une autre clameur. »

Il y eut de grands éclats de rire. Snorri le Godi souriait. Il dit entre ses dents, mais de manière que bien des gens purent l’entendre :

« Skapti peut nous dire si le javelot d’Asgrim a bien touché. Holmstein a pris la fuite : il court de toutes ses forces. Quant à Thorkel, il combat à grand peine. »