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la saga de nial

Kari, lui donnant la main, lui fit remise de tous ses biens.

Après cela, Kari partit. Il avait deux chevaux, ses armes et ses vêtements, et quelque monnaie d’or et d’argent. Il prit à l’ouest, par Seljalandsmula, remonta le Markarfljot, et vint dans le pays de Thorsmörk. Il y avait là trois domaines, tous trois appelés Mörk. Dans celui du milieu demeurait un homme nommé Björn, qu’on appelait Björn le blanc. Il était fils de Kadal fils de Bjalfi. Bjalfi avait été l’affranchi d’Asgerd, mère de Njal, et de Holtathorir. Björn avait une femme nommée Valgerd. Elle était fille de Thorbrand fils d’Asbrand. Sa mère s’appelait Gudlaug. Elle était sœur d’Hamund père de Gunnar de Hlidarenda. On l’avait mariée à Björn pour son argent, et elle ne faisait pas grand cas de lui. Ils avaient eu pourtant des enfants ensemble. Il y avait abondance de toutes choses dans leur maison, Björn se vantait sans cesse, ce que sa femme ne pouvait souffrir. Il avait la vue perçante et le pied agile.

C’est là que Kari arriva, pour être l’hôte de Björn. Björn et sa femme le reçurent à bras ouverts. Il passa la nuit chez eux. Au matin, ils se mirent à parler ensemble. Kari dit à Björn : « Je viens te demander de me prendre chez toi. Il me semble que j’y serais bien. Je désire aussi que tu viennes avec moi dans mes expéditions, car tu as la vue perçante et le pied agile ; et je crois que tu n’aurais pas peur dans le danger. » « Certes, dit Björn, je ne manque ni de bons yeux, ni de bravoure, ni de tout ce qui fait les vaillants hommes. Mais tu n’es venu ici, sans doute, que parce que tout autre refuge t’était fermé. Pourtant j’écouterai ta prière, et je ne te traiterai pas comme le premier venu. Je te promets de t’aider en quelque façon que tu le désires. »

Sa femme était là qui l’entendait : « Le diable emporte tes vantardises et ton bavardage, dit-elle. Pourquoi nous dis-tu de semblables menteries ? Je suis