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la saga de nial

« Tissons, tissons la toile des combats. Combattons aux côtés du roi. Les guerriers verront des boucliers sanglants, quand Gunn et Göndul viendront pour le protéger.

« Tissons, tissons la toile des combats, là où flotte la bannière des braves. N’épargnons la vie de personne ; les Valkyres ont le droit de choisir leurs morts.

« Des hommes vont venir faire la loi dans ce pays, qui habitaient jadis des récifs escarpés. Un roi puissant, je vous l’annonce, est voué à la mort, et un jarl va tomber devant la pointe d’une épée.

« Un deuil amer va fondre sur l’Irlande ; et les hommes en garderont la mémoire, longtemps ; voilà notre toile tissée : le champ de bataille est couvert de sang ; tout le pays résonne du bruit des armes.

« C’est une chose effrayante à voir, que les nuées sanglantes qui passent dans le ciel. L’air sera teint du sang des morts, quand sera accompli ce que nous chantons là.

« Nous saluons le jeune roi : nous lui chantons, joyeuses, notre chant de victoire. Que celui-là s’en souvienne, qui nous écoute. Il redira aux siens la chanson des lances.

« Et maintenant, à cheval ! Courons à bride abattue, l’épée tirée, loin, loin d’ici ! »

Elles renversèrent le métier, et le brisèrent ; et chacune d’elles garda le morceau qu’elle tenait à la main. Dörrud quitta la fente et retourna chez lui. Les femmes montèrent à cheval, et s’en allèrent, six au Sud, six au Nord.

Pareille chose arriva à Brand, fils de Gneisti, aux îles Færöe.

À Svinafell, en Islande, il tomba, le vendredi saint, une pluie de sang sur la chasuble du prêtre qui fut obligé de l’ôter. À Thvatta, le vendredi saint, il sembla au prêtre qu’il voyait les abîmes de la mer tout contre l’autel, et il vit au fond des choses si effroya-