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de la version des Septante, et allèrent même jusqu’à croire à son inspiration ; enfin, toutes les versions latines usitées dans l’Église d’Occident jusqu’à l’époque d’Augustin étaient des reproductions, généralement assez imparfaites, de celle des Septante.

Tel était l’état des choses lorsque parut Jérôme, l’un des plus remarquables parmi les Pères de l’Église. À l’inverse d’Augustin et autres docteurs de ce temps qui ignoraient l’hébreu, Jérôme se livra, dès sa jeunesse, à l’étude de cette langue sacrée. Puis, séjournant en Palestine, il prit à Jérusalem des leçons d’un rabbin nommé Barhanina, qui lui donnait instruction pendant la nuit, par crainte de ses compatriotes ; il eut encore pour maîtres deux savants rabbins, dont l’un lui enseigna le chaldéen, et dont l’autre le fortifia dans l’hébreu. Ainsi muni de ces connaissances philologiques, Jérôme se mit à comparer le texte original de l’Ancien Testament avec la version grecque des Septante et avec la meilleure des versions latines (la vetus Itala) exécutées sur les Septante. Il fut bientôt convaincu des fautes évidentes et des nombreuses imperfections de l’une comme de l’autre ; et, encouragé par quelques amis, il prit la résolution de traduire à nouveau la Bible en latin immédiatement d’après l’hébreu. Cette œuvre, qui a coûté à son auteur vingt années de travaux assidus, fut commencée vers l’an 385 et achevée l’an 405. Si nous l’avons mentionnée avec quelques détails, c’est à cause du rôle immense qu’elle a joué dans l’histoire de toutes les versions qui suivirent, et notamment des versions protestantes en langue française, comme on va le voir.

Deux mots auparavant sur les destinées du travail de Jérôme, et sur la forme finale qui lui fut donnée par l’Église romaine. Ce travail, bien accueilli par quelques-uns, surtout par les Juifs, qui rendirent hommage à sa fidélité, rencontra dès l’abord de nombreux adversaires, entre autres Augustin ; et des accusations d’hérésie circulèrent même contre la personne de Jérôme. Toutefois, ce n’étaient ni la science de cet homme d’élite ni l’exactitude du résultat de ses recherches qui étaient mises en suspicion ; mais on censurait par-dessus tout la hardiesse de celui qui avait osé traduire autrement que ne l’avaient fait les Septante. Depuis la mort de Jérôme, les ennemis de sa version allèrent de plus en plus en diminuant ; au bout de deux siècles, elle était à Rome sur le même pied que l’ancienne version latine, et l’on finit par l’employer de préférence pour le service divin. De là le nom de Vulgate, qui plus tard lui fut donné. Malheureusement, plus elle acquérait de faveur et se répandait par des copies multipliées, plus elle s’altérait sous la plume de ceux qui la transcrivaient de manuscrits en manuscrits. Elle devint alors l’objet de corrections successives, à dater de Charlemagne qui s’était adressé dans ce