Page:La Sainte Bible, trad Crampon, édition 1923.djvu/1465

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Voici que ton roi vient à toi plein de douceur, assis sur une ânesse et sur un ânon, le petit de celle qui porte le joug.” 6Les disciples allèrent donc et firent ce que Jésus leur avait commandé. 7Ils amenèrent l’ânesse et l’ânon, mirent dessus leurs manteaux, et l’y firent asseoir. 8Le peuple en grand nombre étendit ses manteaux le long de la route ; d’autres coupaient des branches d’arbres et en jonchaient le chemin. 9Et toute cette multitude, en avant de Jésus et derrière lui, criait : “Hosanna[1] au fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Hosanna au plus haut des cieux !” 10Lorsqu’il entra dans Jérusalem, toute la ville fut en émoi ; on disait : “Qui est-ce ?” 11Et le peuple répondait : “C’est Jésus le prophète, de Nazareth en Galilée.” 12Jésus étant entré dans le temple, chassa tous ceux qui vendaient et achetaient dans le temple ; il renversa les tables des changeurs et les sièges de ceux qui vendaient les colombes,[2] 13et leur dit : “Il est écrit : Ma maison sera appelée une maison de prière, et vous en faites une caverne de voleurs.”[3] 14Des aveugles et des boiteux vinrent à lui dans le temple, et il les guérit. 15Mais les Princes des prêtres et les Scribes, voyant les miracles qu’il faisait, et les enfants qui criaient dans le temple et disaient : “Hosanna au fils de David, “s’indignèrent, 16et ils lui dirent : “Entendez-vous ce qu’ils disent ? — Oui, leur répondit Jésus ; n’avez-vous jamais lu : De la bouche des enfants et de ceux qui sont à la mamelle, vous vous êtes préparé une louange ?”[4] 17Et les ayant laissés là, il sortit de la ville, et s’en alla dans la direction de Béthanie, où il passa la nuit en plein air.[5] 18Le lendemain matin, comme il retournait à la ville, il eut faim. 19Voyant un figuier près du chemin, il s’en approcha ; mais il n’y trouva que des feuilles, et il lui dit : “Que jamais aucun fruit ne naisse de toi ! “Et à l’instant le figuier sécha.[6] 20A cette vue, les disciples dirent avec étonnement : “Comment a-t-il séché en un instant ?” 21Jésus leur répondit : “En vérité, je vous le dis, si vous avez de la foi et que vous n’hésitiez point, non seulement vous ferez comme il a été fait à ce figuier ; mais quand même vous diriez à cette montagne : Ôte-toi de là et jette-toi dans la mer, cela se ferait. 22Tout ce que vous demanderez avec foi dans la prière, vous l’obtiendrez.”

2. Chap. xxi, 23 — xxii : Controverses avec les docteurs juifs. — Le baptême de Jean (23-27). Les deux fils (28-32). Les vignerons homicides et la pierre angulaire (33-46). Le festin des noces (xxii, 1-14). Le tribut à César (15-22). La résurrection (23-33). Le plus grand commandement (34-40). Le Messie fils et seigneur de David (41-46).

23Étant entré dans le temple, comme il enseignait, les Princes des prêtres et les Anciens s’approchèrent de lui et lui dirent : “De quel droit faites-vous ces choses, et qui vous a donné ce pouvoir ?”[7] 24Jésus leur répondit : “Je vous ferai, moi aussi, une question, et, si vous y répondez, je vous dirai de quel droit je fais ces choses : 25Le baptême de Jean, d’où était-il ? du ciel, ou des hommes ? “Mais ils faisaient en eux-mêmes cette réflexion : 26“Si nous répondons : Du ciel, il nous dira : Pourquoi donc n’avez-vous pas cru en lui ? Et si nous répondons : Des hommes, nous avons à craindre le peuple : car tout le monde tient Jean pour un prophète.” 27Ils répondirent à Jésus : “Nous ne savons. — Et moi, dit Jésus, je ne vous dis pas non plus de quel droit je fais ces choses.” 28“Mais que vous en semble ? Un homme avait deux fils ; s’adressant au premier, il lui dit : Mon fils, va travailler aujourd’hui à ma vigne. 29Celui-ci répondit : Je ne veux pas ; mais ensuite, touché de repentir, il y alla. 30Puis, s’adressant à l’autre, il lui fit le même commandement. Celui-ci répondit : J’y vais, seigneur ; et il n’y alla point. 31Lequel des deux a fait la volonté de son père ? — “Le premier”, lui dirent-ils. Alors Jésus : “Je vous le dis en vérité, les publicains et les courtisanes vous devancent dans le royaume de Dieu.[8]

  1. 9. Hosanna, litt. Sauve ! cri de joie et de triomphe, que l’on pourrait traduire généralement en français par Salut ! Vive !
  2. 12. Cf. Marc, xi, 15-18 ; Luc, xix, 45-47.
  3. 13. Citation libre d’Isaïe lvi, 7 et de Jérémie, vii, 11. — Autre leçon : “vous en avez fait.
  4. 16. Ps. viii, 3.
  5. 17. Cf. Marc, xi, 12-24. D’après Luc, xxi, 37, le Sauveur s’en allait vers le Mont des Oliviers où il passait la nuit en plein air.
  6. 19. Nous avons ici une parabole de choses, semblable à celle de paroles que l’on trouve en Luc, xiii, 6 ; ou, si l’on veut, une de ces actions symboliques sous lesquelles les Orientaux se plaisent à cacher quelque grave pensée. Le figuier représente la nation juive, comblée des faveurs divines : arbre verdoyant, mais où le Sauveur ne trouva que des feuilles, et point de fruit, et qui fut, en punition, frappé par la justice divine.
  7. 23. Cf. Marc, xi, 27-33 ; Luc, xx, 1-8.
  8. 31. Les deux fils sont, le premier, les publicains, les pécheurs publics, qui firent pénitence à la voix de Jean-Baptiste, et le second, les pharisiens qui se disaient justes sans l’être en effet.