Page:La Sainte Bible, trad Crampon, édition 1923.djvu/564

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2“Rappelle-toi, lui dit-il, les jours de ton abaissement, et comment tu as été nourrie de ma main ; car Aman, le premier après le roi, a parlé contre nous pour notre perte. 3Mais toi, invoque le Seigneur et parle pour nous au roi ; sauve-nous de la mort !”

VII. — ESTHER CHEZ LE ROI.
[XV, 4-19.]

À lire au commencement du chap. V ([1]).
Esther se rend au palais (xv, 4-8). Devant le roi, elle s’évanouit (xv, 9, 10). Le roi, devenu bienveillant, la ranime (xv, 11-17). Nouvelle défaillance (xv, 18, 19).

4Le troisième jour, ayant fini sa prière, Esther quitta ses habits de pénitence, et revêtit les ornements de sa dignité. 5Dans tout l’éclat de sa parure[2], après avoir invoqué Dieu, l’arbitre et le sauveur de tous, elle prit avec elle les deux suivantes d’usage. 6Elle s’appuyait sur l’une comme pouvant à peine soutenir son corps délicat ; 7l’autre suivait, relevant la longue robe de sa maîtresse. 8Celle-ci, tout empourprée du puissant éclat de sa beauté, avait le visage joyeux et l’air aimable ; mais la crainte lui serrait le cœur.

9Ayant donc franchi toutes les portes, elle se présenta devant le roi. Assuérus était assis sur son trône royal, revêtu de tous les insignes de sa majesté, tout brillant d’or et de pierres précieuses ; son aspect était terrible. 10Lorsqu’il eut relevé sa tête rayonnante de gloire et lancé un regard étincelant de colère, la reine tomba en défaillance, changeant de couleur et s’inclinant sur l’épaule de la servante qui marchait devant elle. 11Alors Dieu changea la colère du roi en douceur ; inquiet, il s’élança de son trône et soutint Esther dans ses bras, jusqu’à ce qu’elle eût repris ses sens, calmant sa frayeur par des paroles amicales : 12“Qu’as-tu donc, Esther ? lui disait-il, je suis ton frère, aie confiance ; 13tu ne mourras point, car notre ordonnance[3] est pour le commun de nos sujets. 14Approche !” 15Et levant le sceptre d’or, il le lui posa sur le cou et lui donna un baiser, en disant : “Parle-moi.” 16Elle répondit : “Je vous ai vu, seigneur, comme un ange de Dieu, et mon cœur a été troublé par la crainte de votre majesté ; 17car vous êtes digne d’admiration, seigneur, et votre visage est plein d’amabilité.” 18Comme elle parlait, elle s’affaissa de nouveau, prête à s’évanouir. 19Le roi était consterné, et tous ses serviteurs cherchaient à ranimer la reine.


VIII. — ÉDIT D’ASSUÉRUS EN FAVEUR DES JUIFS.
[XVI, I-24.]

À lire après VIII, 12 ([4]).
Adresse (xvi, 1). Fréquente ingratitude de ceux qui ont été favorisés par les rois (xvi, 2-9). Aman, sa perfidie, sa haine et ses calomnies contre les Juifs. Son châtiment (xvi, 10-17). Révocation de l’édit de destruction (xvi, 18-24).

Ce qui suit est la copie de cette lettre :

“Assuérus, le grand roi, aux satrapes et aux chefs des cent vingt-sept provinces, de l’Inde à l’Éthiopie, et à ceux qui ont à cœur nos intérêts, salut !

2“Plusieurs, après avoir été comblés de distinctions par la grande bonté des princes leurs bienfaiteurs, deviennent arrogants. 3Non seulement ils prennent à tâche d’opprimer nos sujets, mais, incapables de porter le poids des honneurs, ils ourdissent des trames contre leurs bienfaiteurs. 4Ce n’est pas assez pour eux de bannir la reconnaissance du milieu des hommes ; enflés par le fastueux éclat d’une fortune inaccoutumée[5], ils vont jusqu’à se persuader qu’ils pourront échapper

  1. (*) J’ai trouvé aussi (dans les LXX) le morceau qui suit. (Note de S. Jérôme.) Ce fragment qui, dans le texte grec, suit immédiatement la prière d’Esther, donne le récit détaillé de sa visite à Assuérus, sommairement rapportée dans les versets v, 1 et 2 des textes hébreu et latin.
  2. 5. Dans tout l’éclat de sa parure, m. à. m. devenue éblouissante.
  3. 13. Notre ordonnance (par laquelle il est défendu de paraître devant le roi sans avoir été appelé, iv, 11), est pour le commun des sujets. La Vulg. exprime le même sens : ce n’est pas pour toi, mais pour tous les autres, que cette loi a été faite.
  4. (**) Copie de la lettre que le roi Artaxerxès envoya en faveur des Juifs dans toutes les provinces de son royaume : elle ne se trouve pas non plus dans le livre hébreu. (Note de S. Jérôme.)
  5. XVI, 4. Enflés par le fastueux éclat d’une fortune inaccoutumée. D’autres : enflés pas les paroles orgueilleuses de ceux qui n’ont pas l’expérience du bienfait.