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défini comme] acte d’attention (samanvàhâra, Majjh. i, 190, Warren, 493, Madhyamakavrtti, p. 553), entrent en contact, c’est-à-dire concourent à la production de la connaissance (tajja vinnànahhàga) ; celle-ci sera diversifiée suivant l’organe et l’objet, et dénommée d’après l’organe : par exemple caksurvijnâna, connaissance visuelle, l’idée, l’image mentale de bleu : c’est par cette connaissance qu’on connaît les objets visibles, non par l’œil, non psiv le vijnâna (1).

Mais avoir l’idée de bleu (nîlam jânâti), ce n’est pas connaître une chose comme bleue, prendre conscience de l’idée de bleu, dire « ceci est bleu » (nïlam iti) (2) : cette connaissance désignative exige un autre processus, étant connaissance intellectuelle (manovijnàna), exige un autre contact, le contact à dénomination {adhivacana") (3) : il est d’ailleurs actuellement difficile de spécifier les trois qui concourent ici (4).

3. Dans la scolastique en général, le terme « contact » est regardé comme désignant, non le contact lui-même, mais le produit du contact, la connaissance, vijnàna (^) (nom de la cause appliqué à l’effet) : " Au moment du contact, c’est-à-dire au moment

(1) Des sûtras [Bïgha, i, p. 70, Anguttara, i, p. 176, etc.) disent : « ayant vu les formes par l’œil... », d’où l’opinion des Vaibhâsikas et des Mâhâsâmghikas (d’après Buddhagtiosa) que c’est l’œil qui voit : « or l’œil ne voit pas, étant inintelligent ; la pensée (citta = manas) ne voit pas, n’étant pas œil ». Comment on résout ce problème, voir Sumangalavilâsinl, 183, Madhyamakavrtti^ 33, Wassilieff, Biiddhismus, 280, Kathâvatthu, xviii, 9, Atthasâlinï, § 830, (Psychology, 351), Yisuddhimagga apud Warren, 297, Sp. Hardy, Manual, 419. On voit les formes par le « vijriâna appuyé sur l’œil » {caksicràsrita).

(2) Voir Madhyamakavrtti, p. 74 et sources citées.

(3) Voir ci-dessus p. 19, note 2.

(4) Toute connaissance sensible est connaissance du manas, car l’acte d’attention [samanvàhâra) est du manas ; on la nomme ‘ visuelle ‘, etc. parce que c’est l’œil etc. qui la spécifie. Quand le manas connaît les objets qui lui sont propres (représentations), et les dénomme, ce qui est son action propre, il agit et comme organe [àyatana] et comme « attentif ». Du moins on peut comprendre ainsi les choses.

(5) Ce vijnàna est une savhjnà, perception, notion, appellation, Childers, Dict., p. 457 ; voir Jacobi, SBE., xlv, p. 238.