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LES CONCILES BOUDDHIQUES.

tienne compte de l’allusion du M. P. S. à l’abrogation des petites règles, ou de la discussion narrée dans le Culla, ou de l’indication fournie par Pāc. Lxxii, ou des trois documents à la fois, il reste que nous avons affaire à une donnée « qui porte la marque d’une antiquité reculée », — difficile sans doute à restaurer dans le contexte historique qui lui convient, — mais qui est « plutôt » inconciliable avec une constitution rigoureuse et déjà précisée de la discipline. On a plaisir, plaisir un peu cruel, je l’avoue, à voir les pauvres theras chercher dans leur sacré Pātimokkha, où le Bouddha a formellement condamné les contempteurs des petites lois (Pāc. lxxii), les lois petites et très petites que cet excellent Bouddha, par l’inconséquence la plus fâcheuse, leur a donné la permission d’abroger ! À adopter une des six interprétations des Pères, il n’y a guère que l’assassinat qui soit interdit aux fils de Çākya ! « Si le Bienheureux vivait encore, disent les “six bhikṣus” du Mahāsām̃ghikavinaya[1], il abolirait toutes les lois ! »

La parole du Bouddha qui autorise l’Ordre à modifier les lois fixées par l’Omniscient est bien extraordinaire. Ne vient-il pas, avant de faire cette confidence à Ānanda, de déclarer solennellement que « les vérités et les lois de l’Ordre que j’ai promulguées et établies pour vous tous, vous tiendront lieu de Maître quand je ne serai plus » ?[2].

  1. La discussion sur les petites règles y est très développée. — Suzuki, article cité, p. 277.
  2. M. P. S. VI. 1. Il est étrange aussi qu’Ānanda révèle au Concile la délégation de pouvoir que le Maître a faite après que le Vinaya a été chanté par Upāli, après que lui-même Ānanda a chanté le Dharma. Est-il encore temps de délibérer sur l’infirmation des règles déjà canoniques ?