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Lélia, Lélia ! pauvre âme inconsolée,
Cœur éteint, lys flétri dans l’humaine vallée,
Qu’un souffle rajeunit et brise tour à tour…
Cygne qui pour la nuit abandonne le jour,
Oh ! pleure, et doucement soulève ta jeune aile,
Pour retrouver enfin l’enceinte maternelle !…
Pleure ! — Les pleurs d’amour dont s’emplissent nos yeux
Mettent une rosée en nos cœurs soucieux !
C’est le doux souvenir qui charme la souffrance
Que nous laisse en fuyant la menteuse espérance ;
Dans l’ombre de la nuit c’est un rayon lointain
Qui prédit le lever d’un céleste matin !…
Ange déshérité, contemple sa lumière
Dans ce rêve divin qu’on nomme la prière ;
De l’oubli de la terre enveloppe ton cœur.
Entends ces douces voix qui t’appellent : Ma sœur !
Et livrant ton beau front aux brises immortelles,
Laisse l’espoir divin t’emporter sur ses ailes

— Alors, comme des nuits naît l’orbe glorieux,
De l’ombre de l’orgueil tu rejoindras les cieux.


C. Leconte de Lisle.