Page:La Variété, revue littéraire, 1840-1841.djvu/122

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— Alors vous vous êtes créé une industrie, et vous venez me demander la permission de l’exercer publiquement à Strasbourg, n’est-ce pas ?

— C’est cela même, Monsieur, vous l’avez deviné. Dieu ! quel coup-d’œil pénétrant ! — Qu’en dites-vous, mon épouse ?

La femme fit une profonde révérence en signe d’approbation.

Le maire reprit :

— Eh bien ! voyons, quelle est cette industrie ?

— Voici, digne magistrat. Si vous le permettez, je vais avoir l’honneur de vous en donner un échantillon. — Mon épouse, dressez votre table ici près !

L’artiste femelle assura sur ses quatre pieds une petite table dont la surface supérieure était revêtue d’une légère plaque de marbre blanc.

— Bien ; maintenant, passez-moi ces demoiselles.

L’industriel prit des mains de sa femme une petite boîte fermée avec soin, l’ouvrit et commença à faire ce singulier appel :

— Sémiramis, sortez ! à votre tour, Camille ! à vous Tomyris ! à vous Penthésilée ! à vous Cléopâtre ! etc…

Qu’on juge de l’étonnement des assistants, lorsqu’à chacune de ces interpellations, on vit sortir de la boîte… quoi ? une puce ! oui certes, une puce bien obéissante encore, je vous jure. Il en parut ainsi successivement dix, qui toutes prirent leurs places respectives sur le marbre de la table et s’alignèrent avec au moins autant de régularité que des gardes nationaux le jour d’une grande revue. Alors, à différents commandements de leur maitre, elles commen-