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pas ; elle se fera jeune pour te suivre, et ne craindra pas de s’assujeltir aux mêmes règles pour jouir de ta présence et t’aider de ses conseils.

Pour toute réponse, je sautai au cou de cette bonne mère, en lui disant : Je suis prête ; et, sans perdre de temps, nous nous élançâmes au beau milieu du petit bataillon.

Grand fut l’étonnement. Les puces s’effrayèrent un moment de notre apparition subite ; le maire et sa famille ne purent rien comprendre à cette rapide augmentation de nombre, et le vieux industriel ôta et reprit tour-à-tour ses bésicles pour savoir s’il ne voyait point double. Enfin, convaincu de la vérité, ce dernier étendit au-dessus de la table une main protectrice et dit avec un ton sacramentel :

— J’adopte ces nouvelles pensionnaires. Cela fera la douzaine.

Le soir même, ma mère et moi, nous manœuvrions avec nos nouvelles compagnes, en présence d’un nombreux public, et à la grande surprise de l’industriel qui ne concevait pas comment, sans avoir été civilisées, nous pouvions nous acquitter de si bon cœur et avec tant d’adresse de nos nouvelles obligations.

Deux jours après, nous quittâmes Strasbourg, et nous prîmes la route de l’Allemagne, le dessein de notre maître étant de nous faire une réputation dans la plupart des villes remarquables de ce pays………

(Ici se trouve une lacune dans le manuscrit, Le récit des courses de notre puce, à travers les différents états de l’Allemagne, est totalement perdu. Nous ne retrouvons notre héroïne qu’à Vienne, au commencement du chapitre suivant.)

N. MILLE.


FIN DU DEUXIÈME CHAPITRE.