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au parloir. Là, ne trouvant pas le gardien, frère Ambroise alla lui même s’assurer quel pouvait-être ce visiteur nocturne.

— Merci mon frère, et soyez sans inquiétude, lui dit un homme vêtu comme les brigands de la montagne ; si je viens à cette heure, des raisons du plus haut intérêt m’obligeaient à m’entourer de mystère. Mais lisez cet écrit ; il vous apprendra le but de ma mission. L’étranger remit alors une lettre au religieux. Les paroles suivantes s’y trouvaient renfermées :

« Si vous voulez sauver une âme qui va bientôt paraître devant Dieu, ne perdez pas une minute, et suivez celui qui vous remettra ces mots. » Point de signature ! Le doute sembla pénétrer dans le cœur de frère Ambroise : c’était peut-être un piège tendu à sa bonne foi ?

Le messager s’en aperçut et reprit :

— Je sais que rien ne peut vous assurer la vérité de ce que vous venez de lire ; tout au contraire tend à vous porter à la défiance, l’instant, mon costume !… Eh bien, mon frère, si les serments les plus saints peuvent bannir la crainte qui vous domine, je jure par mon salut éternel ! — Cessez ces protestation inutiles, répondit vivement le supérieur, je vous suis…

La nuit était alors dans toute sa beauté ; car ce n’est pas quand elle déploie les premiers plis de son manteau, ce n’est pas quand elle répand ses premiers voiles, qu’il faut aller l’admirer !… L’ombre du jour l’efface encore, et diminue l’éclat de sa parure, Ce n’est qu’à l’instant où le soleil lassé de sa course, cède au repos et éteint ses brillantes clartés, que la nuit règne en souveraine.

Frère Ambroise et son conducteur étaient sous l’impression de ce qui s’offrait à leurs yeux. Les étoiles semblaient folâtrer dans l’espace, et comme des jeunes filles qui dans le bal rivalisent de grâces et de beauté, les célestes sphères semblaient aussi prodiguer l’éclat de leurs lueurs divines.

La difficulté du chemin suspendit cependant la contempla-