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Guidé par un besoin qui bien souvent m’oppresse,
J’aime à porter mes pas au champ de la tristesse,
Que le saule et la croix nous indique de loin,
Comme un dernier asile au terme du chemin.


Là, m’appuyant du coude à l’angle d’une tombe,
Je contemple ces lieux où tout homme succombe,
Ces lieux où tout finit, deuil et félicité,
Où chacun garde enfin sa morne égalité.
Et je rêve… Nul bruit ne trouble le silence
Qui sur ces morts nombreux étend son aile immense,
Que la voix de la mer dont le glas solennel
Frappe l’écho sacré d’un murmure éternel
Puis mon âme tressaille.… et c’est une heure sainte
Que cette heure passée au fond de cette enceinte ;
Le front se courbe alors vers le sol des tombeaux,
Et les accents du cœur s’écoulent à longs flots.


Ici-git ! — Ce seul mot proclame l’impuissance
De tout ce qu’on nomma fortune, honneur, naissance ;