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cérémonie qui allait s’accomplir. Le roi vint, suivi du premier ministre, qui était le duc de Manfredonia ; il donnait la main à une jeune fille à la démarche lente et modeste ; une couronne de roses blanches ornait son front, et tous les regards se portèrent sur elle. Un seul homme détourna la vue, c’était le prince Stigliano ; il cherchait avec inquiétude dans un groupe d’étourdis qui dévoraient des yeux le spectacle féerique qu’ils voyaient ; il cherchait ce qu’il ne put apercevoir, et l’orgue emplit la sainte chapelle de notes évangéliques ; les doux hautbois et les indolentes flûtes chantèrent tour-à-tour en accompagnant les voix ; tout était harmonie dans ces lieux ; tout invitait l’âme à la foi ; tout semblait dire aux cœurs : Aimez-vous.

— Giovanni, viens donc voir comme elle est belle, la jeune fiancée.

— Oh ! laisse-moi, Logroscino ; laisse-moi la voir avec les yeux de mon âme, laisse-moi lui soupirer un chant d’amour, qui l’invite au bonheur. Si j’abandonnais ce clavier, si je détournais mes esprits par la vue de ce monde, l’illusion tomberait : je perdrais l’idéalité de mon rêve ; vois, Logroscino, ils ont prodigué les lumières, et les lumineux reflets viennent se poser sur les hautes colonnes de l’orgue.

L’offertoire commença, l’offertoire où l’artiste peut entrevoir quelque chose du grand sacrifice, l’offertoire où l’orgue annonce aux fidèles que le fils de Jéhova va se rendre visible aux regards de la pensée. Giovanni ne pensa qu’à la jeune fille ou du moins qu’à Cécilia, car il disait : « Elle est plus belle encore » ! et un long hymne de rêverie s’échappa de ses mains.

— Connaissez-vous cet organiste, demande le roi au duc de Manfredonnia.