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— Voilà le fugitif, c’est bien cela, un habit bleu, avec revers blancs.

— Que faites-vous, jeune homme ? Giovanni regarda qui lui parlait, avec égarement et il dit :

— Je dors.

— Suivez-moi. Vous êtes condamné à trois mois de prison pour avoir découché du Conservatoire ; voilà l’ordre du surveillant. Giovanni se mit à crier : — Ludovic ! Ninetta, et il s’enfuit. Poussé par un instinct fatal, il voit une voiture ; où va-t-elle ? Peu lui importe, il monte. Elle roule, et lui sommeille comme dorment les damnés. Elle s’arrête, et il croit voir les flèches d’un cloître : c’est quelque chose dont il se souvient, c’est Cassoria, Voilà les grands arbres, voilà les vertes allées, voilà la place coquette et éveillée où demeure Ludovic. Mais tout est muet, les cloches se plaignent comme si elles avaient perdu quelque ami. Un convoi passe, il est nombreux. Giovanni suit son rêve et va où va la foule ; elle est au champ des morts ; il y arrive ; un prêtre récite lentement les derniers adieux, et tout s’en va. Lui seul reste avec le prêtre et une pauvre femme ; ce prêtre, c’est frère Ambroise ; cette femme, c’est Ninetta, et le mort, c’est Ludovic,