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avec ses luttes insensées contre le destin, avec ses joies infinies, trop rapides éclairs…

La romance dramatique est apparue : elle n’a pas menti à sa mission. Enfantée au milieu des orages, elle a des accents qui redisent les angoisses de la pensée et les sublimes enthousiasmes de la vertu ; elle rêve aussi, elle a ses instants d’isolement. Qui a jamais entrevu les mystères infinis de la nature comme elle ? Schubert n’a point d’égal. Il est vrai que cet homme était de la famille de Beethoven ; ainsi, rien ne lui manque pour dominer ; si le mauvais goût lui enlève le sceptre, il faut en accuser la mauvaise éducation musicale qui règne et qui dirige les masses.

Il faut en accuser surtout les grands prostitués du génie qui, sans respect pour l’art, l’asservissent et le corrompent ; infâmes apostats, anges déchus qui se ressouviennent encore quelquefois de l’Éden, mais qui ont sur leurs traces une foule informe, qui bat des mains à toutes leurs saturnales, et qui les imite dans leurs défauts. Aussi, de nos jours, voyons-nous après Auber, Adam ; après Mazini, Loïsa Puget.

C. Bénézit.
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