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J’avais même rêvé mon beau ruisseau limpide
Et mes vallons fleuris, et mes palais d’Armide,
Et ma danse folâtre au penchant du coteau ;
Car le bonheur pour moi n’est point au sein des villes,
Asyles de tristesse et de gaîté serviles
Ou le chagtin se caché aux plis du long manteau.

Là, tout était plaisirs, danse et naïves joies ;
Et tout ce qui marchait dans mes heureuses voies
Se dorait aux reflets de mon prisme enchanteur.
Je n’avais qu’à vouloir. — Une troupe folâtre
De houris aux yeux bleus, d’anges au sein d’albatre ;
Au son des harpes d’or venait bercer mon cœur.

Heureux qui peut dormir sous vos ailes splendides,
Beaux songes du bel âge ! et voir ses jours limpides
Couler sans que la boue en noircisse le cours !
I1 peut voir sans chagrin fuir aujourd’hui l’aurore,
Car il sait que demain, plus caressante encore,
Elle doit dans sa couche éveiller les amours.