Page:La Variété, revue littéraire, 1840-1841.djvu/32

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 28 —

Le sentiment poétique l’emporte sur la justesse de la pensée ; car les Irlandais sont véritablement tyrannisés par l’Angleterre, et la France, dans ce moment, bat des mains à toute la gloiré bretonne. Si nous avons discuté ce fait de l’ouvrage de M. Loisel, c’est qu’il nous a paru une louable exagération de l’amour du pays. Voilà, comme nous l’avons dit plus haut, les deux pensées qui ont inspiré le poète ; il ne s’en écarte jamais : pas une de ses pièces qui ne soit un hommage à la Croix et à la Bretagne. Il a beau se trouver sous le ciel de Provence ; vainement les flots du Rhône lui inspirent-ils des accents pleins de verve et de chaleur : Avignon se montre à ses regards, et le souvenir de Duguesclin apparaît au poète. C’est un mérite littéraire, c’est l’unité qui ramène toujours aux mêmes principes.

Quant aux qualités de style, il y a quelque chose à désirer ; mais, c’est, selon nous, la volonté du poète ; il a laissé aller son inspiration sans essayer de la refondre ; il a écrit avec son cœur. La touchante simplicité de presque touts ses vers atteste le peu de prétention de celui qui les a composés. C’est un album de famille que tous pourront comprendre ; ce sont des tableaux vrais et touchants de notre pays. Allez au Thabor avec les Paysages bretons : le poète y salue le vieux chêne armoricain et la flèche coquette de Saint-Hellier ; et si vous fuyez le monde pour saisir la vague rêverie, et que la voix d’un oiseau vienne troubler vos songes, écoutez le poète comme il invitera cet enfant des airs au repos :

Dors dans ton nid, petit Oiseau.

Tout dort, tout dort sur la montagne ;
Le soleil s’est perdu dans l’eau
L’ombre desceud sur la campagne.
À tes côtés est ta compagne.
Dors dans ton nid, petit oiseau.