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— Elle s’est fait assez attendre, voilà huit mois que tous intercédons.

— Tant mieux ! nous ferons valoir notre persévérance : c’est un titre.

Les deux artistes se rendirent chez le signor Grivaldi, directeur du théâtre Saint-Barthéomelo, Ils attendirent pendant deux heures, et furent enfin introduits devant un petit homme borgne et bossu qui, assis dans un fauteuil, ressemblait à un magot chinois. À peine répondit-il aux salutations de Logroscino, et d’un accent bref et hautain il demanda aux artistes ce qu’ils voulaient.

— Il y a huit mois que nous sollicitons près de vous.

— Vos noms, signor ?

— Je m’appelle Logroscino, et j’ai écrit un opéra buffa. Voilà mon ami Giovanni Pergolèse, élève chéri de Gateano, et qui a fait un chef-d’œuvre de grâce et d’expression.

— Je suis persuadé de vos talents, signor ; mais nous sommes accablés de demandes ; sur trois débuts qui vont avoir lieu, deux sont donnés par le roi, et le troisième, dont j’aurais pu disposer, vient de m’être demandé par un puissant seigneur. Lisez vous-même :

« Je salue Grivaldi et le prie d’admettre un opéra que je lui enverrai sous peu.

» Le Conseiller intime grand écuyer,
 » Prince Stigliano. »

Vous le voyez, je ne demandais pas mieux.

— Il me semble que, pour toute justice, on devrait admettre le concours, dit Pergolèse. Grivaldi ne répondit point : sa