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Le sort ne les protège pas ; ils ont eu le malheur de déplaire à son altesse le grand écuyer.

— Stigliano en veut bien à ces artistes. Cécilia m’a parlé d’un Giovanni ?

— C’est sans doute toi dont il est question ? Vous seriez Giovanni ?

— Oui, Monseigneur,

— Et pourquoi négligez-vous la princesse de Tarente ?

— Vous êtes un ingrat !

— Vous n’ayez pas de meilleure protectrice ; et le prince s’approcha plus familièrement de l’orphelin. La princesse n’est pas visible ; mais vous pouvez revenir demain, je vous annoncerai. Le prince de Tarente entraîna Artusi. Logroscino et Giovanni qui se trouvaient libres sortirent du palais.

— Te voilà en chemin. Ne néglige point la princesse de Tarente. On arrive à tout par les femmes.

— Logroscino, as-tu perdu la mémoire ? Irais-je implorer la pitié de la femme que j’ai tendrement aimée, et qui a joué avec mes sentiments

— Tu es fou ! C’était un moyen qui valait mieux que celui que m’a proposé Artusi.

— Lequel ?

— D’attendre Stigliano au sortir du bal. Et là…

— Cette maison est donc un repaire de brigands ?

Les deux amis se quittèrent.

Gioyanni trouva sa mère la tête inclinée, dans une attitude qui annonçait la douleur. Le repas n’était pas préparé. L’artiste, comme d’habitude, sans s’apercevoir de ce retard, dit à Ninetta :

— Mère, me voilà de retour ; et midi sonne à la cathédrale.