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se trouvait le clavecin et le portrait de la princesse ; puis, pendant tout le jour, elle allait prier et songer à ses rêves passés.

Une ombre souvent voltigeait devant elle. Le jeune Orphelin, aux blonds cheveux, à la voix si caressante et aux regards si timides, et Giovanni était encore son frère, son ami. La noblesse et la pureté de Cécilia ne pouvaient autoriser aucun autre soupçon. Mais ses parents s’inquiétèrent de la dissipation de Tarente ; ils voulurent interroger Cécilia, elle leur répondit naïvement que le jeune prince était libre, et qu’elle ne s’occupait en aucune manière de sa conduite. Son indifférence effraya son père ; il fut demander conseil à son guide ordinaire, au grand-écuyer. Le prince appaisa le duc…, mais il fit suivre Tarente.

Ses soupçons n’étaient que trop vrais. Sous l’influence d’un intrigant nommé Artusi, l’époux de Cécilia se laissait aller à tous ses caprices. Stigliano l’avertit sagement, mais Tarente écouta avec mépris les conseils de l’écuyer… Celui-ci qui avait la confiance du monarque le fit intervenir, et dès-lors Tarente voua une haine éternelle à Stigliano. Éloigné de la cour, il attribua cette disgrâce au sévère confident du roi. C’était à tort, car une expédition ayant été décidée, Stigliano décida sa majesté à donner un commandement au gendre de son premier ministre, le duc de Menfredonnia.

— Il te hait, mon cher Alphonse,

— Sa Majesté sait bien qu’il n’est pas le seul.

En apprenant cette faveur, Tarente fut enchanté ; et c’est à ce sujet qu’il donna une fête où, grâce encore à l’intervention de l’écuyer, le roi promit d’assister. Le grand jour était venu. Mille domestiques dressaient çà et là des arcs-de-triomphe. Le prince, qui voulait que ces préparatifs lui fissent honneur, en surveillait l’exécution avec plaisir. Cécilia l’accompagnait.

— Tiens, lui dit-il, S. M. sera flattée : ce tableau représente un de ses faits d’armes.