Page:La Vie littéraire, I.djvu/231

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

malheur des temps firent de lui un mauvais officier. Il ne cessa jamais de conspirer. En garnison à Marseille, il envoya à un journal de cette ville des attaques anonymes contre son colonel. Il écrivit aussi aux Cortès espagnoles une lettre politique qui fut saisie. C’est là une conduite qu’il est impossible d’approuver, à quelque parti qu’on appartienne : car elle offense grièvement l’esprit militaire et la discipline de l’armée. En 1823, quand le gouvernement prépara la campagne d’Espagne, Carrel fut laissé à Aix au dépôt de son régiment. Donnant dans cette ville de nouveaux sujets de plainte, il reçut l’ordre de garder les arrêts forcés. Cette disgrâce lui fut amère. On ne saurait nier qu’il ne l’eût bien méritée. J’ai sous les yeux une lettre qu’il écrivit alors au général baron de Damas, qui commandait la 10e division militaire. Bien qu’elle soit un peu longue, je la donne tout entière, moins encore parce qu’elle est absolument inédite que parce qu’elle me semble très intéressante et surtout très instructive.


Mon général,

J’ai reçu, à Aix, l’ordre de garder les arrêts forcés en attendant une décision du ministre provoquée contre moi par M. le colonel Lachau.

Je suis accusé par lui d’avoir cherché à exciter des troubles dans la compagnie dont je faisais partie. J’ignore ce qu’il a pu imaginer pour donner un caractère probable à cette accusation ; j’ose donc réclamer de vos