Page:La Vie littéraire, I.djvu/234

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battre dans les rangs de mes camarades et vous prier de croire aux sentiments avec lesquels j’ai l’honneur d’être,

Mon général,
Votre très respectueux et très soumis,
CARREL,
Officier attaché au dépôt du 29e de ligne, à Aix.


Il faut le reconnaître, un tel langage n’est pas digne de Carrel. On souffre d’entendre cet officier porter par la voie hiérarchique des plaintes contre un chef qu’il avait d’abord secrètement vilipendé dans les journaux. On veut croire que le chef qu’il accuse a beaucoup de torts. Il est impossible de croire qu’il les ait tous. On a beau se reporter aux temps qui étaient cruels, on ne peut qu’excuser Carrel sans l’absoudre. Il ne lui sied pas de se porter garant du dévouement du régiment à la monarchie. Sa situation était fausse, si son caractère était franc ; et son langage se ressent de sa situation plus que de son caractère. Pour rester égal à lui-même, il devait ne point crier à l’injustice et ne point se plaindre après avoir trahi.

Comment ne sentait-il pas dans sa conscience qu’après Neuf-Brisach et Belfort il y avait incompatibilité entre l’armée de la Restauration et lui, et que la seule chose séante qui lui restât à faire était de se démettre en silence ?

Hâtons-nous de dire qu’il se démit en effet quel-