Page:La Vie littéraire, I.djvu/265

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

plaisir avant la puissance. Il faisait, dit-on, des soupers qui ne convenaient pas à son tempérament délicat et se promenait, non sans péril, sur Ibrahim, son cheval pie. Cependant il n’inspirait pas de confiance aux éditeurs. Quand il proposa aux libraires Lecointe et Durey une histoire de la Révolution dont il avait le plan dans la tête, ces messieurs restèrent indécis. Ils avaient besoin d’un ouvrage de ce genre pour continuer Anquetil ; mais ils n’osaient en confier l’exécution à un inconnu. Enfin, après y avoir suffisamment réfléchi, ils acceptèrent l’offre de M. Thiers, à la condition qu’il signât le livre avec Félix Bodin. Ce Félix Bodin, qui servit de caution à M. Thiers, n’était guère moins jeune que lui, mais il était connu comme historien. Il faisait des résumés historiques et il en faisait faire. Son industrie prospérait. C’est un grand hasard si, en bouquinant aujourd’hui sur les quais, on ne trouve pas dans la boîte à quatre sous quelques-uns de ces résumés. Ceux de l’histoire de France et de l’histoire d’Angleterre sont de Félix Bodin lui-même. Armand Carrel et Amédée Thierry ont débuté tous deux dans le magasin de cet entrepreneur d’histoire.

Les deux premiers volumes de l’Histoire de la Révolution parurent avec la signature de Félix Bodin et A. Thiers. Il ne semble pas que Bodin y ait mis autre chose que son nom. Ces deux volumes furent accueillis avec faveur par le public. Ils embrassent toute la Constituante et une grande partie de la Lé-