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à son frère Jérôme. Celui-ci, âgé seulement de vingt-trois ans, s’était déjà marié quatre ans auparavant, à l’insu du chef de la famille, avec la fille d’un négociant de Baltimore, mademoiselle Paterson. Mais le premier consul, à qui ce mariage déplaisait, l’avait fait casser comme contracté par un mineur. Jérôme était redevenu libre et il fallait une reine à la Westphalie. Napoléon choisit la princesse Catherine. Il la demanda au roi de Wurtemberg, qui n’avait ni l’envie ni le pouvoir de la refuser à son puissant allié. Mais, quand Frédéric s’ouvrit de ses projets à sa fille, elle y opposa une résistance énergique.

Nous savons, par son propre aveu, qu’elle était alors « occupée d’autres projets ». Elle ne céda qu’au bout d’une année. Cependant, la guerre avait éclaté ; Jérôme commandait avec Vendamme une armée sur le Rhin. L’empereur écrivait de Saint-Cloud au roi Frédéric : « Je crains que les noces ne soient un peu dérangées ; n’importe, d’autres moments viendront où nous referons mieux ce que l’on aura fait en bottes. »

Catherine était résolue à chercher dans ces liens que la politique avait seule formés, la satisfaction du devoir accompli. On voit par sa correspondance que, durant le voyage qu’elle fit pour rejoindre le prince, sa seule inquiétude était de ne pas plaire au mari qui ne la connaissait encore que par un portrait. Sa beauté ne la rassurait point. Elle écrivait à son père avant la rencontre :