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ments de lettres, que nous venons de citer, sont plus importants pour la psychologie du grand homme que pour celle de sa belle-sœur. Mais ils nous ont semblé piquants et d’un tour agréable. Ils tranchent par leur vivacité sur le ton généralement grave de la correspondance de Catherine.

Les papiers publiés à Stuttgart ne nous fournissent aucun document important relatif aux années 1810 et 1811. À la date du 17 janvier 1812, rien (Catherine l’attestait solennellement) n’avait encore « altéré le repos et le bonheur » de son foyer. Mais les jours de sa royauté étaient désormais comptés.

L’empereur méditait la campagne de Russie et préparait, avec la ruine de son empire, celle des petits États qui en étaient les satellites. Jérôme avait tenté en vain d’ouvrir les yeux du conquérant sur les difficultés et les périls de cette entreprise démesurée. Napoléon lui avait fermé la bouche d’un mot.

— Vous me faites pitié, lui avait-il dit. C’est comme si l’écolier d’Homère voulait lui apprendre à faire des vers. (Voy. Schlossberger, p. 5.)

La guerre étant déclarée, Jérôme dut se rendre à Glogau. Catherine s’attendait à cette nouvelle séparation. Elle écrivait le 24 février à son père :

« Je serai séparée du roi… j’aurai à trembler pour un mari et pour un frère. Cependant, ne croyez pas, mon cher père, que je me montre en cette circonstance égoïste ou pusillanime ; je sens trop combien il est essentiel à la gloire des princes, et peut-être à