Page:La Vie littéraire, I.djvu/331

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Fouquières. Il appelait celui-ci « l’éditeur critique de 1862 et 1872 », prenant garde de jamais le désigner plus expressément. En vérité, c’était un vieillard irascible.

M. Becq de Fouquières l’était allé voir autrefois, avant de rien publier. Mais, dès la première entrevue, il avait été traité en ennemi.

« Cet homme sent la pipe, » avait dit M. de Chénier pour expliquer son antipathie. En effet, il n’aimait pas le tabac, et il gardait depuis sa jeunesse la certitude que les fumeurs étaient tous des débauchés et des romantiques. M. de Fouquières, qui portait des moustaches, lui parut l’un et l’autre. M. de Chénier avait les mœurs du jour en abomination. On n’aurait pas pu lui tirer de la tête cette idée que la débauche est une invention contemporaine. Il l’attribuait à la littérature. Tel était le neveu d’André Chénier. Mais, quoi qu’il dît, à ses yeux, le grand tort de M. Becq de Fouquières, celui qui ne pouvait se pardonner, était de s’occuper des poésies d’André. Il y parut en 1874, quand M. Gabriel de Chénier exposa ses griefs dans son édition tardive. Il fit là d’étranges reproches à « l’éditeur critique de 1862 et 1872 ». Celui-ci, par exemple, ayant dit innocemment qu’André Chénier avait traduit des vers de Sapho au collège de Navarre, l’ombrageux neveu en fut tout courroucé. Il répliqua, au mépris du témoignage d’André lui-même, que cela n’était pas, que cela n’avait pu être. Et il ajouta : « On n’aurait pas plus toléré alors