Page:La Vie littéraire, I.djvu/378

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

étude. Jamais encore l’auteur de Cruelle Énigme, depuis longtemps philosophe et psychologue, n’avait montré un tel talent d’analyse. Notez bien qu’il y a beaucoup plus de choses dans Mensonges que je n’en ai indiquées. Je n’ai parlé que de madame Moraines, parce que, ici, je ne fais pas une étude. Je cause, et la causerie a ses hasards. Dans Mensonges, il y a Colette, une ingénue de la Comédie-Française qui inspire à un homme de lettres une passion « à base de haine et de sensualité ». Il y a aussi dans ce livre, il y a surtout des observations d’une vérité dure. Sans doute, elles ne sont pas neuves et voilà beau temps qu’on les a faites pour la première fois. Mais est-ce que chaque génération ne refait pas nécessairement ce que les précédentes avaient fait ? Qu’est-ce que vivre sinon recommencer ? Est-ce que tous nous ne faisons pas, chacun à notre tour, les mêmes découvertes désespérantes ? Et n’avons-nous pas l’amer besoin d’une voix jeune, d’une parole neuve qui nous conte nos douleurs et nos hontes ? Quand M. Paul Bourget a dit : « Il y a des femmes qui ont une façon céleste de ne pas s’apercevoir des familiarités que l’on se permet avec elles, » n’a-t-il pas dévoilé à nouveau une ruse éternelle ? Quand il a dit : « C’est un plaisir divin pour les femmes que de dire, avec de certains sourires, des vérités auxquelles ne croient pas ceux à qui elles les disent ; elles se donnent ainsi un peu de cette sensation du danger qui fouette délicieusement leurs nerfs, » n’a-t-il pas renouvelé heureuse-