Page:La Vie littéraire, I.djvu/387

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prend avec tristesse ! Il sait voir mille et mille images des arbres et des fleurs, des eaux vives et des nuées. Il connaît les diverses figures que l’univers nous montre, et il sait que ces figures, en apparence innombrables, se réduisent réellement à deux, la figure de l’amour et celle de la mort.

Cette vue simple est d’un poète et d’un philosophe. Pour ceux qui la comprennent bien, la nature n’a que ces deux faces. Cherchez par le monde les bois mystérieux, les rivières qui chantent dans la vapeur blanche du matin, autour de leurs îles fleuries ; voyez, du haut des montagnes neigeuses bondir de cime en cime la rose aurore, attendez dans un vallon ombreux la paix du soir ; contemplez la terre et le ciel : partout, torride ou glacée, la nature ne vous montrera rien que l’amour et la mort. C’est pour cela qu’elle sourit aux hommes et que son sourire est parfois si triste.



FIN