Page:La Vie littéraire, II.djvu/100

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en fac-similé. Notre littérature est là tout entière, représentée par ses éditions princeps, depuis le Romant de la rose jusqu’à Paul et Virginie. C’est un recueil qu’on ne parcourt pas sans émotion. « Voilà donc, se dit-on, quelle figure, eurent dans leur nouveauté pour les contemporains les Provinciales, et les Fables de La Fontaine ! Cet in-4º à large vignette représentant un palmier dans une cartouche de style renaissance, c’est le Cid, tel qu’il parut en 1637 chez Augustin Courbé, libraire, à Paris, dans la petite salle du Palais, à l’enseigne de la Palme, avec la devise : Curvata resurgo. Ces six petits volumes in-12, dont le titre, coupé par un écusson du style Louis XV, est ainsi conçu : Lettres de deux amants habitants d’une petite ville au pied des Alpes, recueillies et publiées par J.-J. Rousseau, Amsterdam, chez Marc-Michel Rey, 1761, c’est la Nouvelle Héloïse, telle qu’elle fit pleurer nos arrière-grand’mères. Voilà ce que virent, voilà ce que touchèrent les contemporains de Jean-Jacques ! » Ces livres sont des reliques, et il reste quelque chose de touchant dans l’image que nous en donne M. Jules Le Petit. Cet homme de bien m’a tout à fait réconcilié avec la bibliophilie. Confessons qu’il n’y a pas d’amour sans fétichisme, et rendons cette justice aux amoureux du vieux papier noirci, qu’ils sont tout aussi fous que les autres amoureux.