Page:La Vie littéraire, II.djvu/116

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êtres qui avaient senti eussent perdu tout à fait le sentiment.

Les habitants de Myrina étaient des hommes comme nous : ils tombaient dans d’inextricables contradictions. Ils savaient que les morts sont morts et ils se persuadaient parfois que les morts sont vivants. Par une pieuse coutume que nous devons bénir, car elle a gardé à notre curiosité des vestiges charmants de l’art des coroplastes, les Grecs jetaient dans les tombes de leurs morts bien-aimés des petites figures de terre cuite représentant des dieux ou seulement des hommes, et même parfois de pauvres petits hommes contrefaits et ridicules. Le sens de cet usage ne saurait être exactement précisé. Nous savons qu’il était très répandu sur le continent et dans les îles. Ce ne pouvait être qu’un usage religieux. Il est vrai qu’on trouve, parmi les figurines offertes aux morts, des masques comiques, des bouffons, des esclaves, des jeunes femmes coquettement attifées. Mais c’est, en somme, le panthéon oriental et funéraire qui domine dans ces délicats monuments d’un art plein de fantaisie. Peut-être que les limites entre le divin et l’humain n’étaient pas très nettes dans l’esprit d’un Myrinien du IIe siècle avant l’ère chrétienne. Quoi qu’il en soit, tant religieuses que profanes, les figurines de terre cuite ne sont pas rares dans la nécropole explorée par MM. Pottier et Reinach. Ces deux savants pensent que les Myriniens brisaient eux-mêmes ces offrandes en les apportant. « En un grand nombre de cas, disent-ils dans le récit de leurs fouilles, les statuettes étaient