Page:La Vie littéraire, II.djvu/163

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sources, qui jamais ne serez épuisées,

 Qui fluez et chantez harmonieusement
 Dans les mousses, parmi les lis lourds de rosées,
 À la pente du mont solitaire et charmant !
 Eaux vives ! sur le seuil et les marches pythiques,
 Épanchez le trésor de vos urnes d’azur,
 Et puisse aussi le flot de mes jours fatidiques
 Couler comme vous, chaste et pur !

Ô magie des beaux vers ! Nous voilà transportés par enchantement dans la sainte Athènes des poètes, des sculpteurs, des architectes et des philosophes.

Ce petit rocher de Cécrops fut longtemps rude, couvert d’idoles raides et peintes, qui souriaient mystérieusement. Là vivaient des hommes à la fois grossiers et magnifiques, qui portaient des cigales d’or dans leurs longs cheveux nattés et tout un peuple de matelots nourri d’ail et de chansons. Les femmes, encore sauvages, déchiraient sur la place publique les messagers des désastres. Un génie héroïque et barbare dominait la petite cité et pesait sur les formes trapues du vieux Parthénon que les guerres médiques devaient détruire.

La plus belle des choses humaines, le génie attique, éclata soudainement. Marathon et Salamine, la Grèce sauvée par les Athéniens, les trésors conquis sur les Perses, la Victoire ôtant ses sandales dorées pour s’asseoir dans sa cité d’élection ; une gloire si prompte, et tant de joie transformèrent Athènes, en firent la ville aux blancs frontons, aux colosses d’or et d’ivoire, la protectrice opulente des cités ioniennes, la belle rivale de Sparte, la patrie enfin dont les tragédies de Sophocle reflètent le génie harmonieux. Mais ces heures radieuses