Page:La Vie littéraire, II.djvu/303

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pas ! Je secouerai les vapeurs de l’automne. Je ferai avec application ma tâche du jour. Je vous parlerai de quelque livre ; je vous entretiendrai de ces bonnes lettres qui sont la douceur et la noblesse de la vie. Les écoliers sont rentrés depuis une semaine déjà. Ils font des thèmes, des versions, des dissertations. Vieil écolier, je ferai comme eux ma page d’écriture. Et je n’entendrai plus la pluie me conseiller la paresse et le sommeil. Je trouve justement, abandonné sur la table, un petit livre dont l’aspect honnête et modeste inspire des idées de travail et de devoir. Sévèrement vêtu de percale noire et de papier chamois, il porte la livrée traditionnelle des livres classiques. C’est un livre de classe, en effet, un dictionnaire, le Nouveau Dictionnaire classique illustré de M. A. Gazier, maître de conférences à la faculté des lettres de Paris. Oublié là depuis huit jours par quelque écolier, il m’est plusieurs fois tombé sous la main et je l’ai feuilleté avec beaucoup d’intérêt.

C’est un livre nouveau, âgé de six mois à peine. La première édition porte la date de 1888. Mais je ne m’autorise pas, pour vous en parler, de cette nouveauté vaine et transitoire qu’accompagne souvent une irrémédiable caducité. Tant d’ouvrages naissent vieux ! Il y a beaucoup de compilateurs dans l’Université comme ailleurs, beaucoup de petits Trublets qui se copient les uns les autres. L’originalité est peut-être plus rare et plus difficile en matière d’enseignement qu’en toute autre matière. L’ouvrage de M. Gazier est nouveau par le plan, par la structure, par l’esprit. Il est conçu et