Page:La Vie littéraire, II.djvu/380

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D’anges agenouillés. Je veux qu’on puisse lire

 Sur les côtés : Jésus, Marie. Il faut élire
 Une étoffe légère et qui, se déployant,
 Déroule bien ces noms, les fleurs, Dieu tout-voyant,
 Et les anges. Frangez l’orle avec de la soie,
 Afin de faire honneur à l’ordre qui m’envoie,
 Et vous-même ainsi, peintre, ouvrez aux bons combats.
 Mai fleurit. La Bastille est formidable. Au bas
 Un gentilhomme dit, sous l’assiégé qui raille :

« Jeanne, votre étendard a touché la muraille. »

 Jeanne s’écrie alors : « Tout est vôtre : y entrez ! »
 Et le flot des Français passe aux murs éventrés.

Voilà de quelle étrange et gracieuse façon M. Ernest Prarond commentait le vieux poème de Valerand de la Varanne. Mais, comme je l’ai dit, il publia à part sa glose poétique. Le texte latin, accompagné de notes et suivi d’une analyse, s’imprimait cependant, et le voici publié aujourd’hui. Remercions-en M. Prarond. Ce docteur en théologie de la Faculté de Paris, qui célébra en trois mille hexamètres celle qu’il nomme Darcia progenies et barricea dux était grand latiniste, mais il était bon Français.

Il célébra par des poèmes la victoire de Fornoue et la prise de Gênes. C’est en lisant le procès de Jeanne d’Arc, que l’idée lui vint de composer une épopée des gestes de la Pucelle. Il dit dans une des épîtres dédicatoires qui accompagnent son poème : « S’il plaît à quelqu’un de connaître plus à fond cette histoire, qu’il demande à l’abbaye de Saint-Victor le livre qui m’a été prêté pendant quelques jours. » Et l’on sait que ce livre était une copie des deux procès. C’est là la source véritable de cette merveilleuse histoire. Aussi le bon Valerand se fait-il généralement une idée assez juste de son